We’ve updated our Terms of Use to reflect our new entity name and address. You can review the changes here.
We’ve updated our Terms of Use. You can review the changes here.

22 novembre 2014 (PAM4652)

by rad fuer alle

/
  • Streaming + Download

    Includes high-quality download in MP3, FLAC and more. Paying supporters also get unlimited streaming via the free Bandcamp app.
    Purchasable with gift card

      name your price

     

1.
1 02:48
2.
2 02:28
3.
3 06:51

about

Bernard est né le 30 novembre 1928 et mort le 22 novembre 2014, tout à Paris, comme d'un seul segment mais avec beaucoup de voyages sur le segment [né – mort].

On loue Bernard pour son phrasé. Son articulation.

La photo la plus iconique de Bernard le représente à genoux, en bourgeois avili lisant de la poésie-debout. La poésie debout dit la sortie de la page. Elle dit aussi le hiératisme.

On célèbre la beauté, l'élégance, la classe de Bernard de son vivant comme à sa mort. Sa rectitude est physique ; moralement souple, Bernard ne refuse rien, critique peu, aime universellement.

Tout le monde appelle Bernard Bernard.

Bernard admet qu'on l'appelle Bernard, qu'on le dise écrivain réaliste, poète expérimental, artiste d'avant-garde, haut-fonctionnaire de l'apréguerre.

L'œuvre de Bernard elle-même se laisse intégrer au corpus des légendes critiques qui font les écoles, les chapelles, les histoires et généalogies sélectives ; c'est souvent en ce sens qu'on dit les oeuvres "incontournables" -- mot de la critique FOMO.

Bernard est vu travaillant les discours, prenant le langage au point cuit du discours, piochant, tirant – balzacien déviant, médium hugolien – le portrait à lasociété, le tarot de lasociété ; mais le nom de Bernard figure aussi à l'inventaire des vociférants, des matérialistes, des bricoleurs, des types qui font des bulles et des types qui déclament etc.

Bernard est commodité légendaire, universelle, des hiératiques comme des jacouzzants. Des targueurs, des daignants, des dorures d'Hôtels de Ville comme des Maisons de la Poésie ou des Squats de la Culture, tous de la Ville de Paris ou de la Ville de France au minimum.

Bernard parle lui-même de son travail en des termes qui ne laissent aucun doute sur l'inspiration scientifique dure : ses biopsies notamment.

Bernard, dans /Vaduz/, est un cartographe engagé (la fin, un brin violonneux humaniste + le choix des ethnies contre les nationalités), obligeant à des cohabitations curieuses, entre duchés républicanisés (bourguignons) et du brûlant contemporain ("arabes", "juifs").

Bernard est objectivement haïssable, non seulement perdu pour la cause mais ennemi de la lutte : banquier, compromis dans l'institution comme dans le privé, caution de ceux qui se compromettent dans l'institution comme dans le privé, il se produit partout et se prête, de son vivant, au caquet patrimonialisant. Il accepte d'être le minimal excentrique de lieux et de gens qui ont par paresse transformé le souci d'être de leur temps en une saucisserie industrielle d'intégration de /ce qui paraît/ au registre de /ce qui a (déjà) été fait/.

Bernard est un Hofnarr, soluble dans le monde, le vin de messes, les festivals, les soirées-lectures-concerts.

Bernard décrit son rapport aux machines en terme d'apprentissage, d'adaptation, mais pas de domestication, disons d'accommodation ; la technique embarrasse Bernard, qui n'a rien du bidouilleur virtuose : l'outil est formidable, mais rude, hostile, son usage incertain. L'/outil formidable à l'usage incertain/ est lui-même un outil de la quincaille idéologique de l'apréguerre et jusqu'à hui.

Le rapport de Bernard à la technologie de son temps est comparable à celui d'un bêtatesteur. Le bêtatesteur est un amateur disons moins éclairé qu'informé, au courant. Le bêtatesteur d'un jeu vidéo est celui dont la compétence relative est chérie : un joueur moyen, dont la compétence et l'impéritie moyennes permettent de révéler à la fois les failles et ce qui, dans le jeu, est par trop difficile ou sophistiqué.

Bernard est aussi, dans son rapport au savoir, une sorte de bêtatesteur : dans /Derviche Le Robert/, il prend comme point de départ des mots du dictionnaire dont il ne connaît pas le sens. Son élément favori est celui où son impéritie peut exercer librement sa force de déploi. La puissance gymnique de l'impéritie de Bernard. Regardez Bernard s'étirer, faire ses exercices au Revox.

D'une certaine façon, Bernard fait dans la /mathèsis truquée/ (Barthes) : Bernard, d'une certaine façon, "fait tourner les savoirs", les registres, les intonations, les faits divers, les mots, et plutôt comme on fait tourner les serviettes que comme on fait tourner les tables (poésie oraculaire) ou les joints (poésie festive).

L'invariant, dans ce manège, c'est l'accent, natif, de grand bourgeois. Et l'écho, mis pour la hauteur de plafond et la parquetterie de l'appartement parisien, hyperparisien, central géographiquement et historiquement, Vaduz réel.

Bernard garde les blips, les couacs etc. Bernard est un citoyen-témoin de l'apréguerre, de la démocratisation marchande des outils. Bernard est représentatif, non-excédant, michu.

L'ordinaire intéresse Bernard parce qu'il s'y reconnaît (à tort ou à raison ; mais il a conscience de l'étriqué de sa position) ; il traite le langage ordinaire par bribes, taquin mais pas au surplomb du mauvais ironiste, de l'heideggerien ou de l'antifa. Bernard ne veut pas dire : "regardez comme le langage ordinaire, les politesses, les égards conventionnels, nous aliènent". Bernard n'est pas un /malcouquant/. Bernard n'est pas non plus un symptôme ou un symtpômant : il n'y a pas de forme-Bernard martyrisée qui dirait, suinterait de son insu le malajustement (du maladjusted), l'hostilité (du monde) etc.

Mais Bernard n'est pas exempt de légendes. Bernard a ses légendes, ou au moins sa révélation qu'il radote, épiphanie ou eurêka : "je reviens d'un concert de Stockhausen organisé par Boulez, dans les années 50, et je me dis : la poésie a 50 ans de retard sur la musique". Le trivial de cette scène de révélation (cette datation grossière notamment), Bernard s'en fout.

Bernard est très à l'aise dans l'autorécit de l'avant-garde consciente. L'avant-garde consciente, comme le "rap conscient", désigne les bons émeutiers, les bons révoltés, conscients et soucieux sinon respectueux des aînés.

Bernard est à l'aise dans l'apréguerre historique (celle des monsieurs de la démocratie) comme dans l'avant-garde historique (celle de la vieille taupe de la poésie élargie).

"C'est sensu, stricto sensu, l'accomplissement par un individu de n'importe quel acte sans savoir-faire particulier et sans nécessité absolue de communiquer quoi que ce soit. C'est une action-situation donnée à voir à un public... Il n'y a aucune connotation d'exploit, autre dérivation du mot anglais /performance/." (A. Labelle-Rojoux)

Barthes parle de situations de langage (et de /frozen vegetables/) à propos de Ping-Pong/ d'Adamov.

Voilà voilà. Es lebe BH. BOUH.

credits

released November 22, 2015

license

tags

about

rad fuer alle Berlin, Colombia

***1 EP / week during 2015***

publication on sunday night

contact / help

Contact rad fuer alle

Streaming and
Download help

Report this album or account

If you like rad fuer alle, you may also like: